Roslyn McKenzie-Ochieng : Vivre une vie en mission
par Duane Henry
Roslyn McKenzie-Ochieng est née en Guyane dans un foyer monoparental, elle est la cadette de quatre enfants. Sa famille a émigré au Canada en 1987, où elle a donné son cœur à Jésus à un moment stratégique de sa vie.
La famille et les amis de Roslyn ont eu une réaction mitigée face à son expérience de la nouvelle naissance. Sa mère l’a encouragée, bien que sa propre foi fût nominale. Les frères et sœurs et les amis de Roslyn ont remis en question sa décision et ce qu’elle signifiait par rapport à ses espoirs de devenir un jour une épouse. Les « fruits », les « opportunités » et les « portes ouvertes » qui ont résulté de son nouveau mode de vie ont dissipé leurs questions. Roslyn est devenue une ouvrière internationale des Assemblées de la Pentecôte du Canada (APDC), elle a adopté une adolescente et s’est finalement mariée. Après avoir passé dix ans à Nairobi, au Kenya, elle est revenue au Canada avec son mari pour servir la Première Nation crie de Mistissini, au Québec, en tant que pasteurs et conseillers spirituels pendant cinq ans. Aujourd’hui, ils sont engagés dans la même communauté, au service de la Nation crie, dans les domaines du counseling et du développement du leadership.
Elle nous a donné un aperçu de son expérience de vie unique.
DH : Commençons par une question générale sur votre arrière-plan religieux.
RMO : Quand j’étais jeune, j’étais très intéressée par le contact avec les gens et on me disait « sociable ». Je suis également une personne analytique qui aime examiner les choses en détail. J’ai d’abord été attirée par un bus jaune qui faisait le tour de la communauté pour amener les enfants du quartier à l’école du dimanche de l’église de la Pentecôte Bible Way à Montréal, au Québec. J’ai rapidement décidé de monter dans le bus jaune de M. Lee et de me joindre à la classe d’école du dimanche pour les jeunes. Depuis, je n’ai jamais fait marche arrière. J’ai donné ma vie à Jésus-Christ le 9 août 1987. En fait, c’était le début de mon cheminement chrétien!
DH : Comment votre vie et votre expérience du ministère ont-elles évolué par la suite?
RMO : Pendant mon passage à l’église de la Pentecôte Bible Way, j’ai été attirée par le ministère des enfants et j’ai gravi les échelons, passant d’enseignante à surintendante. Je me suis également intéressée à la prière et j’ai participé régulièrement à des temps de prière d’intercession. C’est au cours de ces moments de prière que j’ai senti que le Seigneur m’appelait à « plus ». Je sentais que j’avais plus à faire en dehors des murs de l’église, et comme j’étais déjà dans le ministère des enfants, l’appel pour les enfants s’est intensifié. J’ai ressenti le besoin d’aller au collège biblique et d’étudier l’éducation chrétienne. Après avoir obtenu un certificat à l’Eastern Pentecostal Bible College (aujourd'hui Master's College and Seminary), je me suis sentie poussée à poursuivre mes études en vue d’obtenir un baccalauréat en théologie, avec une spécialisation dans le ministère interculturel. Ce diplôme m’a ouvert les portes de mon stage au Kenya.
Au retour de mon stage, je n’ai pas pu effacer de mon esprit les visages des enfants. J’étais convaincue qu’après avoir obtenu mon diplôme, je retournerais en mission au Kenya. En effet, après avoir passé deux années à tenter de remplir les conditions requises pour travailler comme missionnaire, Dieu a ouvert la porte et m’a accordé le désir de mon cœur. Je suis retournée au Kenya en tant que missionnaire à part entière des APDC en 2004.
À ce moment-là, je me suis sentie comme le patriarche Abraham d’autrefois. Dieu lui a dit : « Quitte ton pays, ta patrie et ta famille et va dans le pays que je te montrerai. » (Genèse 12.1, SG21). J’étais ravie, même si je ne savais pas où j’allais. Cependant, j’étais également prête dans mon cœur à faire face aux défis, qu’ils soient bons ou moins bons. À mon arrivée, j’ai été immédiatement mise en contact avec le bureau régional des APDC, qui m’a présentée à Christ Is the Answer Ministries (CITAM), l’une des plus grandes et des plus importantes églises du Kenya. J’ai été amenée à travailler seule en tant que pasteure des enfants. Mon premier choc culturel a été de diriger un ministère de 1600 enfants et de plus de 100 enseignants.
J’ai finalement passé dix ans au Kenya en tant que pasteure des enfants avec les APDC, dont cinq ans en tant que pasteure adjointe à CITAM, en collaboration avec les APDC.
DH : Comment avez-vous rencontré votre mari?
RMO : La formation spirituelle a été la clé de ma durabilité en tant que célibataire; passer beaucoup de temps avec le Seigneur, lire la Parole de Dieu et prier. Je suis restée pleinement engagée dans le ministère au lieu de me concentrer sur la personne que j’allais épouser. Cela m’a permis de ne pas céder à la tentation qui guette chacun d’entre nous. Lorsque j’étais missionnaire au Kenya, j’ai rencontré plusieurs prétendants qui me proposaient d’avoir une relation avec moi, et certains d’entre eux étaient mariés! Je voulais me marier, mais j’ai soumis ce désir à Dieu et, ce faisant, j’ai résisté aux chemins qui auraient pu m’éloigner de mon appel. À l’âge de 45 ans, alors que je commençais à m’installer dans le célibat en me disant que le Seigneur était mon protecteur, le Dr Ochieng est venu frapper à la porte de mon bureau. Je l’ai pris pour quelqu’un qui voulait du counseling! À l’époque, il était pasteur communautaire auprès des personnes vulnérables et des enfants à Nairobi, au Kenya. En raison de mon emploi du temps chargé, nous avons dû attendre avant d’avoir notre premier rendez-vous. Nous nous sommes mariés en 2009, cinq ans après mes dix années de service missionnaire.
DH : Comment avez-vous été encouragée tout au long de votre parcours?
RMO : J’aimerais encourager ceux qui exercent un ministère, en particulier les célibataires, en leur disant qu’il est possible de maintenir le cap et de ne pas se retirer de la course spirituelle. « ...Courons avec persévérance l’épreuve qui nous est proposée. Faisons-le en gardant les regards sur Jésus, qui fait naître la foi et la mène à la perfection. » (Hébreux 12.1b-2a). L’un de mes versets préférés des Écritures qui m’a permis de continuer à avancer est celui-ci : « Ne crains rien, car je suis avec toi... » (Ésaïe 41.10, LSG). Par ailleurs, il y a eu des moments forts où des membres de la Fraternité m’ont prise dans leurs bras et m’ont témoigné de l’amour au-delà de ce que je pouvais imaginer. Permettez-moi de mentionner deux amies très chères. L’une d’elles est Marilyn Bush, une fidèle servante de Dieu qui m’a soutenue dans les moments de peine et de découragement, depuis mes années au collège jusqu’au champ de la mission. Aujourd’hui encore, elle me contacte pour savoir comment je vais. Une autre amie est Janice Foss, qui était et est toujours l’hôtesse la plus formidable et la plus gentille que l’on puisse trouver au sein de la Fraternité. Il ne s’agit là que de deux amies parmi tant d’autres qui sont trop nombreux pour être mentionnées. Dans cette vie, on ne peut pas faire cavalier seul. On a grandement besoin de personnes à qui se confier tout au long du chemin.
DH : Quelles sont les difficultés que vous avez dû surmonter?
RMO : En tant que personne de couleur, mon expérience au sein de la Fraternité des APDC a comporté son lot de défis, mais je suis restée déterminée, car je pensais aux vies que je touchais en cours de route. La plupart de ces défis étaient dus au fait que je ne rencontrais pas les exigences budgétaires stipulées dans les politiques de la Fraternité permettant de se qualifier pour le champ missionnaire. J’ai puisé ma force dans mes études au collège biblique de l’exemple du missionnaire William Carey, le père des missions, qui s’est rendu en Inde avec peu de moyens. Sa devise était : « Attendez-vous à de grandes choses, tentez de grandes choses[1]. » En d’autres termes, il est parti avec peu de moyens, mais s’attendait à ce que Dieu fasse de grandes choses avec ce qu’il avait, et c’est ce que Dieu a fait. Il a fondé le collège de Serampore, le premier du genre. Je n’ai peut-être pas laissé de grandes structures derrière moi, mais j’ai laissé des ministères pour enfants qui ont été créés dans les régions reculées du nord du Kenya, une école dans le village qui accueille des enfants moins fortunés, et surtout, des vies changées et transformées par la puissance de Dieu, à travers Jésus-Christ. Je ne regrette pas d’être allée jusqu’au bout!
DH : Avez-vous une dernière remarque à partager?
RMO : Paul a dit : « ...oubliant ce qui est derrière et me portant vers ce qui est devant, je cours vers le but pour remporter le prix de l’appel céleste de Dieu en Jésus-Christ. » (Philippiens 3.13-14, SG21). En tant que titulaire d’une accréditation, je poursuis ma route. Actuellement, je suis encouragée dans mes dévotions par les voyages missionnaires de Paul dans le livre des Actes des Apôtres.
Roslyn McKenzie-Ochieng et son mari vivent à Mistissini, au Québec, où ils sont au service de la Nation crie dans les domaines du counseling et du développement du leadership. Duane Henry est pasteur principal associé chargé des soins à l’église PORTICO Community Church à Mississauga, en Ontario.
1. “William Carey: Father of modern Protestant missions,” Christianity Today, consulté le 21 novembre 2023, https://www.christianitytoday.com/history/people/missionaries/william-carey.html.
Cet article a été publié dans le numéro de janvier/février/mars 2024 de testimony/Enrich, une publication trimestrielle des Assemblées de la Pentecôte du Canada. © 2024 Les Assemblées de la Pentecôte du Canada. Photos offertes par Roslyn McKenzie-Ochieng. Sur la photo : Formation au leadership à l’Assemblée Living Water à Mistissini, au Québec.
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