Chaque église, une maison de prière

par Peter Cusick
J’ai une certaine fascination pour les vieilles églises et cathédrales. J’ai beaucoup aimé participer à un voyage d’études celtiques il y a quelques années. Nous avons parcouru certaines régions d’Irlande et d’Écosse, pour finir sur l’île d’Iona, à l’ouest de l’Écosse. J’ai aimé m’asseoir dans les cathédrales, rester en silence, participer au culte, et regarder la magnifique architecture, les peintures et les œuvres d’art. J’étais fasciné et je le suis toujours. Quand je vois une vieille église, j’ai envie d’arrêter la voiture et d’y entrer.
Si vous avez pris le temps d’observer l’évolution des bâtiments d’églises, en particulier leur sanctuaire, vous avez peut-être remarqué une progression particulière. Au cours de la première période de la chrétienté, le devant des églises était très orné, plutôt opulent; un régal pour l’appétit artistique, dépendant de vos préférences. Le sanctuaire servait d’autel, de lieu de culte et de sacrifice, d’où la nature sacramentelle du culte dans ce type d’église. La célébration de l’eucharistie était le point central du culte. Les participants regardaient, écoutaient et se préparaient à recevoir l’« hostie », qui avait été transsubstantiée en corps du Christ pour la consommation des fidèles.
La période suivante de la chrétienté a été marquée par la présence d’une chaire. Le changement s’est produit avec la Réforme, lorsque la prédication est devenue le pain et le beurre du culte. Les sermons duraient souvent plus d’une heure. L’accent était mis sur la prédication des Écritures, ce qui s’est répercuté sur mes premières années de prédication. Je suis sûr que certains d’entre vous ont également exercé leur ministère derrière des chaires gigantesques. Vous auriez pu prêcher en short, et personne ne l’aurait su! Mais ce que je veux souligner, c’est le centre d’attention. Les prédicateurs construisaient leurs ministères et leurs églises autour de la prédication des Écritures. Par exemple, Charles Haddon Spurgeon était connu comme le prince des prédicateurs. Notre époque est également marquée par des prédicateurs de renom. Dans ma jeunesse, j’ai eu la chance de pouvoir écouter des personnes comme Jack Counsell, Willie Fitch, Robert Taitinger et James MacKnight. Ces gens savaient prêcher! Et au centre, il y avait une chaire pour accueillir l’onction.
La dernière période de la chrétienté est marquée par les lumières, les caméras – l’action! La chaire a disparu, remplacée par une scène dédiée à la musique et la louange. Les églises consacrent beaucoup d’efforts et d’argent à l’aménagement de la scène. Les lumières, les couleurs, les décors, les machines à fumée, etc. sont à l’ordre du jour.
Je ne veux pas critiquer ces périodes; j’essaie simplement de percevoir ce qui se passe et ce qui semble être au cœur de nos réunions. Il semble que nous soyons passés du sacramentalisme à la prédication, puis à la louange; c’est du moins ce que suggère le devant de nos églises. Alors, êtes-vous prêt? Voici ce qui me préoccupe. Où est la prière? À quoi ressemble la prière? Quand et comment prions-nous? Avons-nous même besoin de prier ou la prière est-elle avant tout une affaire personnelle? Je peux prier seul assez facilement. Je ne peux pas vraiment prêcher seul. La prière a-t-elle une dimension collective?
Je suis certain que vous lisez cet article parce que vous avez un penchant pour la prière. Permettez-moi de vous faire part de quelques réflexions qui vous permettront de donner à la prière une place plus centrale dans votre église.
L’intentionnalité
Flash info : rien ne se produit sans intentionnalité. Voici donc la question qui mérite d’être posée : « Comment mettons-nous intentionnellement la prière au centre de nos églises et de nos ministères? » Ou même cette question : « Mettons-nous la prière au cœur de nos préoccupations? » J’ai assisté à des réunions d’église comme vous tous. Pensez-y un instant. Si vous êtes à l’église pendant une à deux heures, combien de temps est consacré à la prière? Dans la plupart des réunions auxquelles j’assiste, c’est environ cinq minutes. Je reviens à une question précédente : Avons-nous besoin de prier ensemble en public? Voyons ce que faisait l’Église primitive.
Jésus monte au ciel et dit aux disciples de commencer une réunion de prière. Les Actes des Apôtres nous disent : « Tous persévéraient d’un commun accord dans la prière avec les femmes, avec Marie la mère de Jésus et avec les frères de Jésus » (Actes 1.14, SG21). Nous savons qu’ils ont élu Matthias pour remplacer Judas, mais à part cela, il semble qu’ils « persévéraient d’un commun accord dans la prière ». Dans Actes 2, ils sont à nouveau « d’un commun accord » et semblent prier. Dans Actes 3, Pierre et Jean se rendent au temple pour prier à l’heure de la prière (sacrifice du soir à 15 heures). Je suis sûr que vous saisissez l’idée. La prière ne naîtra pas dans nos églises sans intentionnalité. Nous devons décider et déterminer de faire de nos églises des maisons de prière.
La passion
On dit que la plupart des gens ne vont pas aux réunions de prière parce qu’ils ont déjà assisté à une réunion de prière. Je me souviens de ma vie de prière quand j’étais adolescent. Mon père insistait pour que mon frère et moi donnions « l’exemple » aux autres adolescents réfractaires à la prière dans notre église. Nous devions donc assister à la réunion de prière hebdomadaire. Je me souviens très bien de m’être agenouillé lorsque j’étais un jeune adolescent et de m’être ennuyé à mourir, en me demandant si j’allais survivre à cette heure. Il y a des mots qui décrivent ces événements : ennuyeux et sans passion! Cependant, il y a eu d’autres moments où la présence de Dieu a envahi notre petite église. J’avais la chair de poule sur tout le corps, comme un courant électrique, alors que les prières, l’adoration et les langues se succédaient autour de moi. Quoi que nous fassions dans la prière, celle-ci doit être passionnée et centrée sur la présence. La première façon de se focaliser sur la prière est peut-être de prier : « Redonne-moi la passion pour la prière! »
La formation
Nous sommes aujourd’hui à une époque où il existe une multitude de mouvements de prière, de conférences, de livres et de ressources sur la prière. Les APDC viennent de s’associer à Ignite Prayer Canada (https://igniteprayer.ca). De nombreuses autres ressources axées sur la prière sont disponibles auprès du bureau national et des districts.
Consultez par exemple le https://igniteprayer.ca/resources-and-training (en anglais seulement). Le livret Living in the Upper Room vaut la peine d’être lu. Il s’agit d’une compilation de formations sur la prière et de sujets relatifs à la prière provenant de plusieurs églises différentes. Fred Harley y présente neuf façons de développer une culture de prière pour une église missionnelle. Un autre contributeur, Fred Leonard, écrit : « La prière n’est pas un ministère que nous exerçons; elle est devenue ce que nous sommes [1] »
Ce que je veux souligner, c’est simplement ceci : Ne le faites pas tout seul. Il existe de nombreux documents et ressources qui peuvent vous aider à former votre église à la prière. Je suis à la moitié de ma lecture de By Name: How to Pray for People and Lead Them to Jesus (Comment prier pour les gens et les conduire à Jésus) de Brian Alarid. C’est un livre fascinant et bien écrit qui pourrait révolutionner la façon dont votre église allie la prière et la mission.
Cela changera-t-il le devant de votre église? Probablement pas. Cela pourrait-il changer votre église? Absolument!
« Rien ne cimente davantage le cœur des chrétiens que la prière commune. Jamais ils ne s’aiment autant que lorsqu’ils sont témoins de l’effusion de leur cœur dans la prière [2] » –Charles Finney
Peter est un directeur spirituel certifié et le fondateur de Beside Peaceful Streams, un ministère axé sur la prière et la direction spirituelle (www.besidepeacefulstreams.com).
1. Prayer Connect, Living in the Upper Room (Terre Haute : PrayerShop Publishing, 2013), 27.
2. Charles G. Finney, « Lecture VIII Meeting for Prayer » Lectures on Revivals of Religion (London : Thomas Tegg, 1839), 107.
Cet article est paru dans le numéro d'octobre/novembre/décembre 2024 de testimony/Ressources, une publication trimestrielle des Assemblées de la Pentecôte du Canada. La revue Ressources est publiée en français seulement. © 2024 Les Assemblées de la Pentecôte du Canada.
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