Rêver de champs : sommes-nous prêts à aller?

by Kevin Brown oct. 16, 2024, 14:36

par Paul Fraser

Il y a un appel retentissant au sein de notre mouvement des APDC, qui résonne à nouveau dans les couloirs de nos plus de 100 ans d’histoire. Il est temps pour nous de retrouver la passion et le cœur pionniers de nos premières années en tant que mouvement, afin que la Grande Commission s’accomplisse au Canada. Il est temps d’aller à nouveau.

Vous souvenez-vous de la célèbre réplique du film Jusqu’au bout du rêve, lorsqu’une voix murmure dans un champ de maïs de l’Iowa : « Si tu le construis, il viendra [1] »? Depuis la sortie du film, cette phrase a souvent été déformée : « Si tu le construis, ils viendront ». Alors que cette phrase du film faisait référence à la construction d’un terrain de baseball pour les joueurs du passé, la plupart des églises l’ont adoptée comme stratégie missionnelle pour l’avenir. Cette stratégie a été utile à plusieurs églises au cours des 30 dernières années, et l’évangile a eu un impact sur de nombreuses vies et communautés. En fait, certaines églises ont encore du succès aujourd’hui, en faisant grandir leurs assemblées avec cette approche, et nous nous en réjouissons. Mais ce n’est plus la norme. Plusieurs études montrent une baisse constante de la fréquentation des églises ces dix dernières années. Il est temps de rêver à nouveau.

La prochaine génération jouera un rôle majeur dans le futur, et la récolte est l’élément le plus important de notre avenir. Certains de nos meilleurs leaders, pasteurs, implanteurs et multiplicateurs ne sont pas encore chrétiens, peut-être même pas encore exposés à l’évangile. Rêvons-nous de les atteindre dans ces champs? Les voyons-nous autour de nous dans nos communautés? Sommes-nous prêts à aller? Il est peut-être temps que l’approche « Si tu le construis, ils viendront » devienne « Si tu vas, Dieu le construira ». L’approche « Si tu vas, Dieu le construira » incite nos assemblées et nos leaders à s’aventurer au-delà des murs du sanctuaire et à s’engager activement dans les champs mûrs pour la moisson. Alors que nous rêvons de nouveaux champs, reconnaissons collectivement l’importance de la multiplication des églises, la nécessité de l’action apostolique, le cœur de compassion pour ceux qui sont loin de Dieu et l’impératif d’accroître notre capacité à prendre des risques. Examinons rapidement ces quatre domaines.

La multiplication des églises

Lorsque nous lisons les enseignements de Jésus, et notamment la Grande Commission, nulle part Jésus ne nous dit spécifiquement de fonder et de multiplier des églises. Jésus a parlé d’étendre le royaume et de faire des disciples, laissant cette mission première à ses disciples. L’apôtre Paul vient compléter l’enseignement de Jésus, en approuvant l’expansion du royaume et la formation de disciples, mais il poursuit en nous montrant que la meilleure façon de remplir cette mission est de multiplier les églises.

Le modèle du Nouveau Testament pour la multiplication des églises est évident dans les voyages des apôtres. Ils sont allés dans des régions où la Bonne Nouvelle n’avait pas encore été proclamée. Ils ont commencé à annoncer l’évangile pour établir des communautés de disciples, dans lesquelles l’évangile s’est enraciné et a commencé à porter du fruit. La multiplication des églises ne peut être une simple stratégie; c’est un mandat, surtout si nous pensons que Jésus est encore sérieux lorsqu’il dit que toute personne vivant au Canada doit avoir accès à l’évangile. Je ne suis pas certain qu’il y ait un moyen d’atteindre l’ensemble du Canada sans un effort considérable pour créer de nouvelles communautés de formation de disciples. Redevenons des pionniers qui cultivent de nouvelles églises dans différents contextes culturels.

Le leadership apostolique

L’appel à explorer l’action apostolique est essentiel pour rêver d’atteindre de nouveaux champs. Ce type de travail se caractérise souvent par un esprit visionnaire et une volonté de s’aventurer dans des endroits non atteints pour la cause de l’évangile. Il n’est pas limité par l’histoire ou la tradition, mais plutôt propulsé par le vent du Saint-Esprit, cherchant de nouveaux endroits où faire grandir le royaume de Dieu. Les leaders apostoliques ont les yeux levés, le cœur disposé et l’esprit engagé dans l’expansion du royaume.

Nous devons cultiver l’action apostolique dans notre famille des APDC, en particulier chez nos jeunes leaders. Nous pouvons être distraits par toutes sortes de choses et oublier la mission de Jésus et le courage qu’il faut pour l’accomplir. Nous avons besoin que ce rêve soit vivant chez nos leaders, dans nos églises et notre Fraternité. Si je puis utiliser une métaphore sportive, nous devons commencer à « jouer pour gagner au lieu de jouer pour ne pas perdre ». Nous ne pouvons le faire qu’avec des leaders apostoliques prêts à s’engager dans de nouveaux champs et de nouvelles opportunités afin de voir le royaume de Dieu grandir par le biais de nouvelles communautés de formation de disciples.

La compassion pour ceux qui sont perdus

Aimons-nous les choses que Jésus aime? Rêver de champs nouveaux et non atteints doit avoir pour fondement la compassion et un désir profond de trouver ceux qui sont loin de Dieu. Cette compassion doit être plus que de la sympathie; elle doit mener à l’action. Comme l’a écrit Henri Nouwen : « L’action avec et pour ceux qui souffrent est l’expression concrète de la vie de compassion et le critère final pour être un chrétien [2]. »

Et pas n’importe quelle action; nous avons besoin que l’Esprit nous conduise. Mais nous savons tous, et avons déjà fait l’expérience, que si l’Esprit nous conduit, il nous fera sortir de nos zones de confort pour nous amener dans l’obscurité, les difficultés et le chaos de notre monde. Car il se préoccupe moins de notre confort que de sa cause. Nous devons permettre à l’Esprit de cultiver une véritable compassion dans nos cœurs afin que nous puissions courageusement sortir de ces espaces confortables, aller dans de nouveaux champs et ne pas abandonner trop vite.

Accroître notre capacité à prendre des risques

J. Oswald Sanders a écrit : « Les échecs sont plus souvent le résultat d’un excès de prudence que d’une expérimentation audacieuse de nouvelles idées. Les frontières du royaume de Dieu n’ont jamais été repoussées par des hommes et des femmes prudents [3]. »

Je me souviens que mon fils m’a raconté, lorsqu’il était à l’école primaire, qu’il avait regardé une émission sur les pingouins. Il m’a dit que lorsque de grands groupes sont sur le point d’entrer dans l’eau depuis un iceberg ou une falaise, ils se bousculent jusqu’à ce que ceux qui sont devant tombent dans l’eau. Ensuite, les autres manchots attendent de voir si les premiers, qui sont entrés brutalement dans l’eau, survivent et remontent à la surface. Une fois que les autres pingouins savent qu’il n’y a pas de danger, ils sautent à leur tour dans l’eau. Cette image est restée gravée dans ma mémoire car je constate que, dans les églises, les leaders veulent souvent être devant le groupe, mais sont comme les pingouins à l’arrière qui ne veulent pas sauter tant qu’ils ne savent pas que c’est sans danger.

Lorsque j’ai pris mes fonctions de coordinateur national de la multiplication des églises, je me suis rendu compte qu’en tant que Fraternité, nous devions accroître notre capacité à prendre des risques. Six ans après mon entrée en fonction, je suis encore plus déterminé dans cette idée, mais je la porte dans mon cœur depuis plusieurs années.

Avant de rejoindre l’équipe du Bureau international, j’ai travaillé comme directeur des ministères de l’église au bureau du district de l’Alberta et des Territoires du Nord-Ouest. Lors de mon premier événement avec les pasteurs de jeunesse à Banff, j’ai partagé un discours sur l’état de l’Union intitulé « La sécurité est dangereuse ». L’idée principale était la suivante : Alors que la sécurité est la ligne de conduite préférée dans presque tous les domaines de votre vie, lorsqu’il s’agit de votre foi et de la mission de Dieu, la sécurité peut être l’endroit le plus dangereux où se trouver. J’ai donc posé cette question : « Imaginez que Jésus n’ait pas pris de risques? » Jésus nous a donné l’exemple de vivre par la foi, et non par la sécurité. Il est temps que nous entendions à nouveau l’appel courageux du ciel et que nous répondions par une obéissance remplie de foi là où Dieu nous appelle.

Un appel dans les champs

Le thème « Nous, les appelés » du Congrès général de mai 2024 nous a rappelé que tout appel donné par Dieu concerne toujours des personnes. Je sens que l’Esprit nous appelle à nouveau dans les régions non atteintes du Canada, et si nous y allons, il bâtira son Église. C’est pourquoi les implanteurs et les multiplicateurs d’églises de tout le Canada se sont réunis lors de l’événement précongrès du Réseau Multiplier des APDC pour garder cette vision fraîche dans nos cœurs, nos églises, nos districts et notre Fraternité.

Glyn Barrett, surintendant général des Assemblées de Dieu du Royaume-Uni, a participé l’année dernière à une réunion du Réseau des nouvelles églises du district de l’Ouest de l’Ontario et a posé une question cruciale au groupe. Il a demandé : « Êtes-vous un leader d’un jour ou un leader du premier jour? » En d’autres termes, êtes-vous quelqu’un qui pense : « Un jour, je ferai cette chose », et qui tergiverse en attendant le moment idéal? Ou êtes-vous un leader qui dit : « C’est le premier jour où nous commençons? » Ecclésiaste 11.4 nous rappelle de ne pas être des leaders d’un jour. On y lit : « Celui qui observe le vent ne sèmera pas et celui qui regarde les nuages ne moissonnera pas. » Il n’y a pas de moment idéal pour commencer une nouvelle communauté de formation de disciples, pour entreprendre une action apostolique, pour faire preuve de compassion ou pour prendre des risques. Soyons donc un mouvement du premier jour et, en tant que leaders, commençons dès maintenant à rêver de nouveaux champs.

Paul Fraser travaille au Bureau international des APDC dans le domaine de la multiplication des églises et dirige le réseau Multiplier des APDC. Il vit avec sa femme, Corrie, et leurs enfants jeunes adultes à Edmonton, en Alberta.


1. Field of Dreams, dirigé par Phil Alden Robinson (1989; Universal Pictures, 2024).

2. “Compassion: A Reflection on the Christian Life by Henri J.M. Nouwen,” Goodreads, consulté le 20 janvier 2024, https://www.goodreads.com/work/quotes/204151-compassion-a-reflection-on-the-christian-life.

3. J. Oswald Sanders et Alan Hirsch, The Forgotten Ways (Grand Rapids: Brazos Press, 2016), 19.

Cet article est paru dans le numéro d'avril/mai/juin 2024 de testimony/Ressources, une publication trimestrielle des Assemblées de la Pentecôte du Canada. La revue Ressources est publiée en français seulement. © 2024 Les Assemblées de la Pentecôte du Canada.

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